Le droit à la vie…
Christine Arnothy a quinze ans en 1945. Elle est Hongroise, issue d’une famille bourgeoise, elle doit vivre dans une cave pour se protéger des nazis venus occuper la ville.
C’est le témoignage poignant et émouvant d’une adolescente qui ne veut pas mourir. Trop jeune pour que sa vie s’arrête, trop jeune pour vivre les atrocités d’une guerre. Elle a dû rester enfermée pendant deux longs mois. Les rares moments où elle pouvait sortir c’était pour aller chercher de la nourriture et là elle voyait la dure réalité des combats en marchant entre les cadavres de chevaux et d’hommes.
A la libération, le calvaire a continué puisque les sauveurs vont être plus cruels que les Allemands. Christine et sa famille vont devoir fuir leur pays quelques années après et trouveront asile en Autriche dans un camp de réfugiés. Christine trouvera son salut en travaillant en France comme nurse mais elle enchaînera les galères. D’ailleurs elle écrira une suite « il n’est pas si facile de vivre », où on sentira que sa reconstruction est difficile car marquée à jamais par toutes les atrocités qu’elle a vécues. Elle a vingt ans. Elle veut partir en France. Elle est étouffée par la présence de ses parents et elle décide de mener sa vie seule.
J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir raconte la guerre sans critique politique, le récit est dramatique et nous montre toute la cruauté des combats. Les scènes violentes ensanglantent la jeune fille qui s’accroche à ses lectures pour ne pas sombrer. Elle avait emporté un livre de Balzac et de Dickens. Elle n’a que quinze, elle ne peut pas mourir..Elle est jeune, la guerre ne peut pas l’arracher à la vie .. La guerre qui lui a volé son adolescence ne peut pas non plus la détruire..
Tout son témoignage repose sur ce qui se passe autour d’elle mais ne s’étend pas aux combats, c’est le récit de son quotidien dans cette cave.
Le lecteur va se rendre compte aussi que tout peut devenir malsain et désordonné après la guerre.Les gens souffrent et essaient de survivre en pillant, en devenant méchants à leur tour. Il n’y a plus de code moral, c’est l’instinct animal qui prend le dessus.
quelques passages :
….. »Dans l’intervalle, entre les coups directs atteignant la maison, je pensais à mon livre, me disant que, même s’il restait intact, je ne connaîtrais jamais la fin du roman, puisque tous en bas, dans cette cave, nous allions mourir «
« les jours se traînèrent. Nuits de cauchemars, combat contre un monde de fantômes. Mon pays de rêve s’était évanoui. Le sommeil ne me menait plus vers l’apaisement, mais vers les paysages lunaires du mal et de l’horreur »
« une âpre fierté m’envahit à l’idée qu’à quinze ans, j’allais mourir d’une mort de grande personne »
Là on sent que Christine grandit et mesure combien la situation est grave. Plus d’espoir de s’en sortir…
La première partie s’achève sur cette phrase de Christine :
« Comme ce serait bon de naître »
La jeune vie de l’adolescente n’est faite que d’angoisses, d’atrocités, de scènes d’horreur. Elle n’a que quinze ans et elle est fatiguée ….Fermer les yeux, faire comme si rien ne s’était passé, commencer à vivre…avoir l’esprit vide…
II faut savoir que Christine Arnothy a fui en emportant son journal cousu dans son manteau. J’imagine que si il avait été découvert elle n’aurait pas survévu à ces écrits..
Elle a eu une vie très dure mais elle a toujours affronté les difficultés pour pouvoir un jour réaliser son rêve: écrire son livre. Elle veut devenir écrivain donc elle doit s’en sortir et je pense que le but qu’elle s’est fixée va l’aider malgré tout à se battre et à espérer.
J’ai lu cette autobiographie quand j’avais l’âge de l’auteur et je dois dire que son histoire m’a émue, touchée. J’étais adolescente, j’avais le même âge que Christine donc je me suis identifiée totalement à elle . J’ai reçu son témoignage comme une confidente et je l’ai accompagnée pas à pas dans toute ses périodes de galères. On vit la guerre de l’intérieur, à travers une adolescente qui a toute l’innocence de son âge et qui va vite grandir . On peut faire un léger parallèle avec « le journal d’Anne Frank » adolescente de treize ans, qui aura moins de chance car elle décèdera du typhus dans un camp de concentration.
Ces deux jeunes filles ont abordé l’atrocité de la guerre et leurs ouvrages constituent de précieux témoignages. Toutes les deux voulaient devenir écrivains.
Je conseille également de lire « il n’est pas si facile de vivre » qui se termine ainsi et résume l’état d’esprit de Christine qui a peut être enfin trouver la paix…
…. Moi je trouve que c’est naturel. Je voulais nourrir mon enfant, je voulais lui faire boire ma vie…. C’est l’accomplissement miraculeux. C’est le bonheur. Tout le bonheur ?….
Lisez ce livre sans modération…
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