Carmilla, de Sheridan le Fanu

Laura, jeune femme de 18 ans, vit dans un château reculé de Styrie*, avec son père, sa gouvernante, Mme Perrodon et Mlle De Fontaine, sa préceptrice. Sa mère est morte alors qu’elle était enfant. Il y a peu de distraction et peu de visiteurs dans ce coin solitaire entouré de forêts, alors Laura se fait une joie de la visite prochaine de la nièce du général Spielsdorf. Hélas, bientôt, ils apprennent que la pauvre enfant est morte dans des circonstances mystérieuses et la visite ne peut donc avoir lieu. Un jour, un attelage a un accident sur le pont à proximité de la demeure. Voiture renversée, chevaux au sol, et une jeune fille inanimée, sa mère à ses côtés. Laura et son père proposent dès lors leur aide. La jeune fille, Carmilla, sera confiée aux soins de leur hôte, le temps que la mère termine son voyage qui pour elle est « une question de vie ou de mort ». Cela permettra à Laura de se changer les idées, pense son père. Installée au château, la ravissante Carmilla séduit la jeune Laura qui noue avec elle une amitié passionnée. Peu à peu, l’état de santé de Laura se détériore alors qu’une étrange maladie sévit dans la région.

Un court roman de vampire du XIXème siècle qui met en avant les personnages féminins et fleurte avec l’homosexualité dans une relation d’amitié intense et sensuelle. Tous les ingrédients du récit du genre sont là pour ce roman gothique qui préfigure le Dracula de Bram Stoker.

Maître du récit fantastique et d’épouvante, l’écrivain irlandais Joseph Sheridan Le Fanu, très connu Outre-Manche, ne bénéficie cependant pas en France d’une grande notoriété. Pourtant Carmilla est une oeuvre ambiguë et riche, envoûtante et troublante, qui fait partie du patrimoine classique de la littérature et qui mérite qu’on s’y attarde.

*Styrie – note de l’éditeur : région du sud-est de l’Autriche et du nord de la Slovénie actuelles, particulièrement retirée au XIXème siècle. C’est dans cette zone géographique que le mythe littéraire du vampire trouve sa source.

Le sang des étoiles, de Anne-Marie Pol

Une place à prendre

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A quoi serait-on prêt pour une passion, pour une envie indestructible d’aller au bout de ses rêves ? Léonor a 16 ans, son souhait le plus cher est de devenir une danseuse étoile. La jeune fille qui vit à Paris consacre tout son temps à la danse. L’occasion d’occuper le devant de la scène, dans le spectacle d’une célèbre compagnie, va se présenter à elle. En effet, la ballerine retenue pour incarner le premier rôle va faire une chute qui va la contraindre à abandonner. Dès lors, Léonor va saisir sa chance. Le malheur de l’une pourrait faire le bonheur de l’autre. Mais rien ne va être simple, entre concurrentes impitoyables et parcours semé d’embûches. Pour Léonor, une lutte acharnée va commencer. Se battre et ne pas baisser les bras quoiqu’il arrive pour réaliser son rêve…

Le sang des étoiles est le roman d’un combat, d’un courage à toute épreuve, d’une rage de vaincre. Anne- Marie Pol va nous entraîner dans le milieu de la danse, un milieu difficile où le travail et l’acharnement sont les clés d’une réussite parfois fragile. Belle histoire pleine d’émotions.

Le col des Mille larmes, de Xavier-Laurent Petit

Ryham, chauffeur de poids-lourd, a l’habitude de sillonner les pistes désertiques d’Asie durant des milliers de kilomètres.  Pourtant, cette fois-ci, le trajet lui semble interminable et il n’a qu’une hâte, rejoindre au plus vite sa famille. Pour cela, et ce malgré la promesse faite à son épouse, il décide d’emprunter le « col des mille larmes », le plus haut du monde, une piste extrêmement dangereuse, si étroite qu’il est impossible de faire demi-tour… mais qui pourrait bien lui faire gagner deux ou trois jours.

Pendant ce temps, à Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, Daala, l’épouse de Ryham, Galshan, sa fille aînée ainsi que la petite Bumbaj  attendent avec impatience son retour… Déjà six jours de retard… Mais lorsque le responsable de la coopérative pour laquelle travaillait Ryham vient leur annoncer officiellement sa disparition, elles décident de partir prévenir Baytar, le grand-père, vieux berger solitaire et quasiment aveugle. Mais Baytar est sceptique : aucun cauchemar n’est venu lui annoncer la mort de son fils, et le rêve que fait Galshan, nuit après nuit, d’un camion qui bascule au fond d’une gigantesque crevasse mais dont la cabine est vide… Vide, sans conducteur… Y aurait-il donc un espoir ? Le vieux Baytar et Galshan décident de partir ensemble avec le troupeau pour les pâturages d’hiver en suivant la piste de Ryham.

Un récit d’aventure et de voyage qui nous fait traverser des contrées lointaines et découvrir un mode de vie à mille lieues de notre société de consommation. Le récit est assez lent, contemplatif, où l’on oscille sur des pistes solitaires du fin fond de la Mongolie, entre rêve, croyance et réalité. Ce roman suit  153 jours en hiver mais peut se lire indépendamment.

La classe de neige, Emmanuel Carrère

Nicolas, élève de primaire, timide et effacé, va devoir subir peut-être l’un de ses pires moments d’enfant avec cette classe de neige à laquelle il doit participer ! Dès le départ, cette expédition vire au cauchemar : son père, qui a peur de l’accident de car, l’emmène sur les lieux et il arrive après les autres. Et pour couronner le tout, il oublie sa valise dans le coffre… Cela commence mal, et cela ne va pas s’arranger… Entre son imaginaire perturbé, les pipis au lit et autres découvertes de son corps, son histoire nous tient en haleine de manière déroutante, toute en non-dit et obscure.

Ce livre peut vraiment être interprété de manière très différente d’un lecteur à un autre. On ressent une tension palpable, une tension psychologique, un drame qui se joue sous nos yeux et on aimerait aider ce petit garçon. Un huis-clos étouffant malgré un titre qui laisserait penser à une histoire assez légère de sortie scolaire. Le non-dit est présent jusqu’au dénouement tragique.

Ce livre peut être lu en classe de 3ème pour ouvrir sur différents débats, pour travailler sur l’implicite et entre dans la thématique « se raconter, se représenter » mais certaines situations peuvent être perturbante

Une maman d’élève

Les confidents et autres nouvelles – Récits tirés de Petites Mécaniques, de Philippe Claudel

  Quatre nouvelles extraites de Petites Mécaniques, recueil qui en comprend treize au total. Cette collection « Étonnants classiques » destinée à l’étude en contexte scolaire, comprend en introduction une présentation qui permet à l’élève lecteur d’en savoir plus sur l’auteur, et sur la construction (fond et forme) de l’œuvre. Un dossier en fin d’ouvrage invite l’élève à prolonger la réflexion.

C’est ainsi que l’on peut trouver une description du recueil :

 « Cet ensemble de textes, aux rouages minutieusement agencés évoque la fragile mécanique de la vie humaine (…). Chaque nouvelle, qui retrace un destin individuel jusqu’à l’issue funèbre de la mort, sert d’écrin à une méditation sur la vanité de l’existence. »

En effet, les quatre nouvelles présentées ici mettent en scène des personnages dont la quête obsessionnelle conduit inéluctablement à une issue fatale. Avec brio, l’auteur nous emmène, en partant de faits ancrés dans le réel, à un dénouement inattendu teinté de fantastique.

Dans « Les Confidents », une femme fait un rêve qui la trouble au point d’en perdre le goût de toute chose. Elle n’aura de cesse de retrouver l’émotion ressentie cette nuit-là, allant jusqu’à tenter de reproduire ses visions oniriques pour provoquer la résurgence des sensations éprouvées. La frontière entre rêve et réalité est parfois bien mince…

Dans « L’Autre », un homme découvre les poèmes d’Arthur Rimbaud. Bouleversé par ce poète qu’il ressent proche de lui comme un frère ou comme un double, il se met en tête d’aller à sa rencontre. Il quitte tout, femme et enfants, et gagne la Tunisie où il est dit que Rimbaud réside. On suit alors ses pérégrinations, dans un surprenant mécanisme de superposition des personnages, entre schizophrénie et jeu de miroirs fantastique.

« Paliure » est un mot qui obsède ce gardien de musée, passionné d’étymologie. Il se torture l’esprit car il a oublié le sens de ce terme. Son angoisse proche de la névrose est pesante, et rien d’autre n’a d’intérêt pour lui, surtout pas les œuvres d’art qui l’entourent. Ironiquement, la réponse est peut-être sous ses yeux…

Dans « Le Voleur et le Marchand », un jeune brigand vit de larcins et détrousse les marchands sur les routes. Un jour, à l’ombre d’un chêne, il rencontre la Mort sous les traits d’un marchand qu’il s’apprêtait à égorger. Elle lui octroie une seconde chance et lui offre de se racheter. C’est ainsi que le jeune homme change de vie et devient un honnête et respectable marchand. N’a-t-il pas un sentiment de déjà vu quand, des années plus tard, il rencontre un jeune homme, à l’ombre d’un chêne…?

Des jeux de miroirs, troublants et propres à la littérature fantastique, qui ne sont pas sans me rappeler l’écriture de Julio Cortázar*. Pour cette première raison, j’ai beaucoup apprécié la lecture de ces récits. Ensuite, il faut bien l’avouer, Philippe Claudel est agréable à lire, et sa plume est riche. D’ailleurs, nombre de termes sont expliqués en notes de bas de page, pour l’élève à qui est destinée cette collection.

Il faut noter aussi la présence de nombreuses références artistiques, notamment de littérature avec Arthur Rimbaud et son «Je est un Autre», et de peinture bien évidemment dans le musée de « Paliure ».

C’est un recueil enfin qui se lira aisément, la nouvelle étant un texte court, par définition.

Un délicieux moment de lecture !

* Julio Cortázar (1914-1984) : écrivain argentin auteur de romans et de nouvelles, dont une grande partie se caractérisent par la récurrence du fantastique et du surnaturel. Parmi ses œuvres, BestiaireFin d’un JeuLes Armes Secrètes.  

L’île au trésor, de Robert Louis Stevenson

L’histoire se passe au 18ème siècle. Jim a quatorze ans, ses parents tiennent une auberge sur la côte d’Angleterre. Un jour, arrive un vieux marin à la mine effrayante et aux manières peu raffinées, portant un mystérieux coffre de bois. Il s’installe à l ‘auberge, au grand désarroi des propriétaires qui n’osent pas le mettre à la porte. Les semaines, les mois passent. Le « capitaine » semble attendre quelqu’un… Mais c’est une menace de mort qui lui parvient de la part d’un groupe d’anciens pirates. De surprise et de panique, le vieil homme a une attaque et meurt. Jim et sa mère décident alors d’ouvrir son coffre pour récupérer ce que leur client leur doit pour son séjour à l’auberge : outre des pièces d’or de nombreux pays, ils y découvrent de mystérieux papiers, parmi lesquels une carte… Jim va alors se retrouver entraîné dans une aventure extraordinaire, par-delà l’océan, à la recherche d’un trésor caché.

Mon avis : Un très bon livre ! Personnages fascinants, lieux pleins de mystères, action, danger, suspense, tout y est. L’Île au Trésor a été écrite en 1883. Elle a fait rêver des génération de jeunes lecteurs, inspiré de nombreux écrivains et cinéastes. C’est un classique, c’est LA référence en matière d’histoires de pirates, mais c’est aussi tout simplement un très, très bon livre d’aventures !

Le style littéraire destine plutôt ce livre aux lecteurs confirmés, à partir de la 5ème.

Marion, parent d’élève

Mentine, 5. On divorce !, de Jo Witek

Rien ne va plus dans la famille Green depuis que Mentine, 15 ans, est revenue du lycée et a retrouvé sa mère Alice en pleure.

Puis l’affreuse nouvelle est tombée sèche et froide : on divorce ! Le monde de l’enfant gâtée Mentine s’écroule ! De plus, sa mère se comporte comme une enfant de 15 ans et voit son père comme un monstre.

Mentine ne sort plus de chez elle et prend le rôle de la mère quand elle n’est pas en train de sécher les cours. Heureusement, son trio de choc est là pour l’épauler. Et pour que la vie soit encore moins rose, sa mère décide de vivre en colocation !!! L’ Horreur avec un « H » en gros caractère !!

Un livre à la hauteur de mes espoirs, autant dire… génial ! En lisant ce livre, on arrive à ressentir  les émotions de Mentine, que l’auteur a très bien su nous transmettre. Un très beau tome qui se dévore très bien.

Pour des élèves à partir de la 6ème

Judith, 6ème – 11 ans, membre des Dévoreurs de livres d’Arsène

 

Et l’avis de Mu :

C’est toujours avec un grand plaisir que l’on ouvre les nouveaux tomes de cette série lorsqu’ils nous arrivent. C’est raffraichissant même lorsque le sujet est grave ! Cette fois-ci, les parents de Mentine divorcent… et Mentine, si intelligente mais si centrée sur elle-même n’a rien vu venir !  Heureusement son cercle d’amies est là pour la soutenir… Et sa mère, après une phase de désespoir puis d’hystérie et  de jeunisme, va trouver une drôle de façon de s’en sortir… ou du moins une façon un peu farfelue qui lui ressemble si bien  !

A lire pour les fans de la série !

Tous les chemins mènent à l’info – anthologie, présenté par Patrice Kleff

Un ouvrage collectif rassemblant des extraits de journalistes ou écrivains sur le thème de la presse, de l’information, de la désinformation, de la manipulation : Florence Aubenas, Ryszard Kapuscinski, Edwy Plenel, Albert Londres ou Elise Lucet pour les journalistes, Zola, Maupassant, Camus, Kessel pour les écrivains de littérature classique, Guillaume Guéraud ou Didier Daeninckx pour la littérature de jeunesse actuelle. Bref, un panel varié et riche qui nous permet de prendre conscience des enjeux, dans notre société, de l’information de masse. L’ouvrage est divisé en 6 parties : Aux sources du journalisme ; Parcours de l’information ; L’indépendance, condition de l’information ; l’objectivité en question ; Le spectacle de l’information ; Informer, déformer… désinformer ? Des pistes de réflexion pour se frayer un chemin dans un monde hyperconnecté où notre esprit critique doit être constamment en éveil.  « Comment faire le tri entre les informations ? Comment faire la part des choses entre l’essentiel et le futile ? Comment distinguer le vrai du faux, le mensonge  de la vérité, le fiction du réel. » voilà le but de cette anthologie qui fournit de nombreux outils pour décrypter l’info.

En lien avec les nouveaux programme de 4ème, cet ouvrage est plutôt à destination des enseignants de discipline et documentalistes pour les guider dans un projet-presse.

Riche et intéressant.

Les insurgés de Sparte, de Christian de Montella

Résultat de recherche d'images pour "les insurgés de sparte montella fnac"Lors de la naissance de ses jumeaux, Parthénia, n’eut pas le courage de les soumettre à la loi spartiate, qui impose la mort du plus faible des deux. Envahie par la peine, elle le confia secrètement à sa servante, Eryx et son mari Lycos. Ils l’emmenèrent dans l’Ithôme, une contrée de Sparte, pour le protéger, l’élever et ne dévoilèrent ce secret à personne, jusqu’au jour où…

Niveau de lecture : assez facile 

Passage sur un personnage qui m’a plu :

« Dès l’âge de trois ans, il s’était mit à pousser et à forcir –« comme une mauvaise herbe », disait en riant Lycos. Quand il eut six ans, il commença à participer aux travaux agricoles. Il était habile, résistant, rieur mais teigneux. Il se battait facilement. Pour un regard de travers ou une plaisanterie qui égratignait son orgueil. Certains disaient qu’il se battait pour le plaisir de se battre. »

Mon avis sur le livre :

Ce roman est d’une lecture relativement facile. Je le recommande à mes camarades de 5ème. J’ai aimé l’aspect de la guerre grecque, avec les traditions associées.

Marceau, 5ème

 

Témoins en danger, de Roland Smith

Pour échapper au patron du cartel de drogue Alonzo Aznar pour lequel travaillait son père, Jack Osborne et sa famille ont été soumis au dispositif de Protection des Témoins et ont dû changer d’apparence, d’identité et de lieu. Dans le premier tome « Disparition programmée », ils vivaient à Elko sous le nom de Granger. Mais Alonzo Aznar et ses sbires ont retrouvé leurs traces… Arrêté, celui-ci attend d’être jugé et le dispositif de protection se resserre autour de la famille de Jack. Désormais, les Osborne se retrouvent dans une petite station balnéaire de Caroline du Sud sous le nom de Greene, dans l’attente du procès où le père devra témoigner… Hélas, la soeur de Mack (alias Jack) se fait repérer en étant sélectionnée pour une émission musicale  télévision et la traque recommence…

« Pour tous ceux qui m’ont demandé : « Il se passe quoi ensuite ? » »

Voilà ce qui est mis en exergue au début du roman… Car nous avions quitté notre famille enfin réunie mais toujours sous protection judiciaire à la fin de « Disparition programmée » sans savoir ce qu’il allait advenir d’eux, de Jack, de son amour pour Cataline qu’il a dû quitter précipitamment, sans explication à la fin du premier tome. Un roman toujours sans temps mort, qui nous permet de clore cette histoire. Si vous avez aimé Disparition programmée, n’hésitez donc pas une seconde à lire la suite qui vous apportera tous les éclairages à vos questions laissées en suspens, même si elle n’est peut-être pas aussi trépidante et captivante que le premier volet. De l’action, des rebondissements, un brin de violence, un rythme rapide, bref, toutes les ficelles du thriller sont réunis pour les amateurs du genre… et une fin réussie quoiqu’un peu rapide.