The Curse – tome 1, de Marie Rutkoski

Kestrel, est une Valorienne, fille du renommé général Trajan, conquérant des Herranis qui sont devenus leurs esclaves.

Faisant partie de la haute société valorienne, c’est une privilégiée, mais, à l’approche de ses 17 ans, elle va devoir faire un choix qu’elle n’a pas envie de faire : se marier ou embrasser la carrière militaire voulue par son père…

Mais alors qu’elle se promène au marché avec son amie, sa vie va changer : un coup de folie lui prend et elle achète un esclave Herrani.

Arin n’est pas comme les autres, rebelle et peu docile. Kestrel va vouloir le percer à jour. Va alors s’engager une partie de croc et venin, jeu mélangeant stratégie et mensonges. 

Et si Arin n’était pas arrivé par hasard dans la vie de Kestrel ? Une rebellion se prépare et mettra en danger Kestrel et tout son peuple…

Chez les Valoriens, quiconque remporte une enchère s’expose à la malédiction du vainqueur… le vainqueur achète forcement pour un prix trop élevé l’objet de sa convoitise.

Ce livre est un parfait mélange de romance, de fantasy, d’intrigue et de trahison dans un univers du passé.

Le personnage de Kestrel est très attachant, fille au caractère fort, elle est très douée pour les stratégies, ce qui se révèlera un atout précieux au fil des pages.

Arin quant à lui est un personnage très mystérieux, on comprend vite que son passé cache beaucoup de choses, et on en apprend de plus en plus sur lui au fil de la lecture.

La romance entre les deux est très bien ficelée, les sentiments naissent au fil des conversations, et on comprend vite que ce sera un amour impossible entre un esclave et sa maîtresse.

Mais ce livre n’est pas seulement une romance, il est rempli de stratégie militaire et d’intrigues, la rébellion Herrani se met en place, et Kestrel aura du mal à choisir entre son peuple et son amour naissant pour Arin.

J’ai trouvé les premiers chapitres un peu lent, mais plus on avance dans le livre plus on a envie de tourner les pages !

Ce roman est le premier tome d’une trilogie mais peut se lire seul, même si la fin reste pleine de suspense pour Kestrel et Arin… Et j’ai hâte de lire les tomes suivants ! Une série qui devrait plaire à tous nos lecteurs de la série La sélection, mais pas seulement !

Thieves’ Gambit, 1. Voler à tout perdre, de Kayvion Lewis

Une compétition légendaire… Quinze voleurs… Un seul vainqueur…

Ross Quest, jeune fille de 17 ans, fait un duo de choc avec sa mère… Leur activité ? Le vol ! Et elles ne sont pas seules, la famille entière a une sacrée réputation dans le domaine ! Sa spécialité à elle ? Se sortir de tout lieu, en préparant divers scénarios en fonction de l’enchaînement que risque de prendre les événements, grâce à une analyse détaillée des plans. Le prix à payer de cette vie ? La solitude extrême et le renoncement à sa vie d’adolescente, aux liens d’amitié… Ne faire confiance à personne, voilà à quoi elle a été conditionnée toute sa vie. Ce qu’elle voudrait ? Avoir une vie normale, aller à l’université, se faire des amis, participer à ce stage de gymnastique… Mais sa mère, extrêmement autoritaire et dirigiste ne lui laisse aucune possibilité d’emprunter cette issue… Alors, lors d’une mission, elle prépare minutieusement son évasion. Hélas, rien ne se passe comme prévu ! Sa mère est kidnappée. Le concours The Thieve’s Gambit, destiné aux jeunes voleurs talentueux, ne serait-il pas la solution pour sauver sa mère ? Car le premier prix : son souhait, n’importe lequel, sera exaucé ! … De quoi payer les millions de la rançon réclamés par les kidnappeurs. La contrepartie : rester un an entre les mains de l’organisation secrète à l’origine du concours. Mais la compétition risque d’être éprouvante, voire mortelle… Parmi les candidats, de jeunes voleurs plus talentueux les uns que les autres, venant d’autres familles de voleurs réputés … dont son ancienne meilleure amie, devenue son ennemie jurée…

Un roman rempli d’action, sans temps mort, où les événements s’enchaînent à un rythme effréné sans laisser le temps au lecteur de reprendre son souffle ! A quand l’adaptation cinématographique, l’histoire déjà très visuelle à l’écrit, s’y prêtant quasi tel quel ? Le personnage de Ross est des plus attachants ! A qui faire confiance ??? La dynamique de groupe, les alliances, voulues ou imposées, la manipulation constante, les trahisons et coups bas sont autant d’éléments qui entraînent le lecteur jusqu’à un final assez réussi ! A lire pour ceux qui aiment les romans d’action… mêlés d’une pointe de romance bien compliquée…

Ce premier tome de série peut se lire indépendamment.

Killing November, d’Adriana Mather

November est une ado comme les autres, elle vit seule avec son père dans un petit village jusqu’au jour où son père décide de l’envoyer dans un mystérieux pensionnat car selon lui, elle et sa famille sont en danger.

L’académie Absconditi n’est pas une académie comme les autres… C’est une académie secrète réservée à l’élite de la Strategia, organisation divisée en clans qui régit, dans l’ombre, la politique du monde. Et les élèves ne suivent pas des cours normaux mais des cours pour devenir… des assassins hors pairs…

November se rend compte qu’on lui a menti toute son enfance, car elle n’a jamais entendu parler de cette organisation. Les parties de cache-cache dans les arbres, les lancers de couteaux et autres jeux auxquels elle jouait, enfant, avec son père n’étaient pas des jeux mais des entrainements.

Nova a du mal à s’intégrer, et peu de temps après son arrivée un meurtre est commis. Tout le monde semble vouloir l’accuser. A l’Académie règne la loi du talion (ce que tu fais on te le fera) alors November va tout faire pour prouver son innocence avec l’aide de sa colocataire Layla et de son frère jumeau Ash.

Mais comment trouver le vrai coupable quand tout le monde dans cette école est maître dans l’art du mensonge, de la manipulation et de la dissimulation ? A qui faire confiance ? November arrivera-t-elle à recomposer son passé et se faire une place dans la Stratégia ?

Au début, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire car j’ai été déstabilisée par le fait que November arrive un peu comme un cheveu sur la soupe dans une école pour assassins, escrocs et espions dont elle n’a jamais entendu parler. Mais passé ce cap, ce thriller est vraiment captivant : l’histoire de l’enquête et des clans est très bien ficelée.

En tant que lecteur on aussi envie de découvrir le passé et l’histoire de November et cela se fait au fil des pages ce qui rend le récit très prenant.

L’amitié naissante entre November, Layla et Ash est aussi très touchante. C’est avec leur aide que November va pouvoir avancer et tenter d’échapper au pire.

On referme le tome 1 sur une fin qui donne envie de connaître la suite… Alors, à bientôt pour le tome 2, qui clôturera cette duologie !

Phobos 2., de Victor Dixen

Les dévoreurs de livres d’Arsène, les chroniques des élèves du comité de lecture du blog

Ca y est. Léonor a tout révélé. Le programme Genesis, la quête de l’amour. Tout est une vaste blague. Ils les ont envoyés à la mort, pour de l’argent. Serena, qui pendant une année, a été comme une mère pour eux. Maintenant, un choix s’impose : descendre sur Mars, ou rester sur le vaisseau.

Le programme Genesis s’est révélé faux : les Nids d’Amour ne sont pas sécurisés. S’ils descendent, ils seront morts dans 22 mois, avec la peur que Serena dépressurise la base à tout instant. S’ils restent ? Ils mourront de faim dans trois mois. Quel est le meilleur choix ? Que vont-ils voter ? Léonor est indécise. Que choisir ? Serena a voulu la laisser choisir : elle lui a répondu qu’elle était seule. Et que sur le Cupido, ils étaient douze. Que c’était leur force. Mais si cela se révélait être une faiblesse ?

Même si les souvenirs tournent au supplice, il est trop tard pour oublier.

Ce livre est terriblement captivant ! J’attendais avec beaucoup d’impatience ce tome 2, ayant adoré le tome 1, qui m’a accompagné pendant le confinement. On y retrouve une nouvelle fois Léonor, française de 18 ans, qui a un caractère bien à elle ! Sans hésiter, la saga Phobos compte parmi mes coups de cœur les plus grands ! J’aime beaucoup les personnages, surtout ceux de Marcus et de Kris. J’aime beaucoup le fait que Marcus soit un tel poète, et ait autant de tatouages. Cependant, même si j’aime beaucoup le personnage de Kris, je le trouve un peu cliché : il y a toujours dans les livres ce personnage extrêmement gentil, naïf. Je trouve cela dommage. A mon avis, certains personnages ne sont pas assez développés, comme Elizabeth, ou Safia, du côté des filles, ou encore Tao ou Sansom du côté des garçons que j’oublie parfois dans l’histoire tellement on n’en parle presque pas. Alors que ce pourrait être de vraiment beaux personnages. Mais sinon, rien à dire ! J’ai été très émue à la fin du tome, très en colère aussi ! Victor Dixen met des fins à suspens, et cela m’a beaucoup frustrée !!! Pour moi, Phobos est vraiment un chef-d’oeuvre, et je n’attend qu’une seule chose : les tomes 3, 4 et Origines !

Retrouvez la chronique du tome 1 ici

Eléa, 4ème – membre des dévoreurs de livres d’Arsène

Le jeu du maître, 2. La Révolution, de James Dashner

Michael a réussi à échapper à Kaine, mais a failli y laisser la vie. Une vie, il en a volé une : celle de Jackson Porter, grâce à la Doctrine de Mortalité.

En retrouvant la trace de Kaine, il fait une découverte des plus horribles : le cyberterroriste est en réalité une Tangente, un robot pourvu de sentiments humains. Son but ? Télécharger toutes les Tangentes dans les cerveaux humains, à l’aide de la Doctrine. Il a déjà commencé, Michael en est la preuve. Il s’enfuit de la maison de Jackson, et décide de trouver Sarah et Bryson. Arriveront-ils à empêcher la catastrophe de se produire ? Vont-ils stopper Kaine une fois encore ? Rien n’est moins sûr…

Encore une fois, ce tome est un vrai régal ! L’écriture est fluide, et les personnages sont très travaillés. Dans ce tome, nous volons de nouveau de péripéties en péripéties ! La couverture est juste magnifique, encore une fois, et les couleurs donnent un rendu très prometteur et attirent le regard. Ayant lu et chroniqué le tome 1, j’attendais avec beaucoup d’impatience ce tome 2, et j’ai sauté de joie en le voyant ! Je l’ai dévoré en quelques heures, la tête pleine d’interrogations. N’ayant pas lu la trilogie L’Épreuve (plus connue sous le nom « Le Labyrinthe »), je ne connaissais cet auteur que de nom, et j’ai adoré. Pour les amateurs de science-fiction, je conseille vivement cette trilogie, et hâte de lire le tome 3 !

Eléa, 4ème -membre des Dévoreurs de livres d’Arsène

Phobos, de Victor Dixen

Les dévoreurs de livres d’Arsène, les chroniques des élèves du comité de lecture du blog

, une jeune orpheline de 18 ans, travaille dans une usine de fabrication de pâtée pour chien. Elle découvre le programme Génésis, qui a pour mission d’envoyer 6 filles et 6 garçons à bord d’un vaisseau qui sera relié à l’antenne télévisée, dans le monde entier.
Les 6 garçons n’ont jamais rencontré les 6 jeunes filles. Ils auront 6 minutes chacun pour se rencontrer dans un parloir et savoir s’ils s’aiment. Un speed-dating qui a pour but de créer la première colonie sur Mars…
Tout semble aller « comme sur des roulettes » à bord du vaisseau. Chaque jeune semble trouver un peu d’amour. Mais Léonor met la main sur un téléphone ce qui semble compromettre le plan de la colonisation sur Mars !! Et remettre en question tout le programme Génésis.

J’ai adoré ce livre de Victor Dixen, l’histoire est vraiment super, les personnages sont très attachants car ils ont des petits secrets de leur vie d’avant le programme Génésis.
J’ai trouvé que l’idée de marier de la science-fiction avec une chaîne télévisée et une émission de téléréalité est très bonne car pour ceux qui aiment tous les styles d’écriture, ce coktail est parfait ! Ce livre est sans doute mon préféré de l’année, l’auteur nous raconte l’histoire à travers la vision de Léonor cette jeune orpheline très attachante, qui évolue au fil de l’histoire. Je ne trouve pas d’autre mot pour qualifier ce livre tout simplement GENIAL !! Un livre vraiment prenant d’un bout à l’autre… Je vous le conseille vivement et je supplie ma documentaliste de demander le suite de Phobos pour le C.D.I !

Judith, 5ème – membre des dévoreurs de livres d’Arsène

Kaplan, de Sébastien Gendron

Les dévoreurs de livres d’Arsène, les chroniques des élèves du comité de lecture du blog.

Pages : 236 pages

à partir de 15 ans

L’HISTOIRE :

Roman d’anticipation d’espionnage politique avec pour rivalité la dictature et la démocratie.

Deux personnages principaux dans une histoire complexe où se mêlent mensonges, réalité et manipulation,

Kaplan est un tueur à gage, le bras armé du pouvoir de l’État du Cushinberg, chef de la brigade de contre-insurrection.  Sa dernière mission c’est justement Kaplan.

Un jeune garçon de 16 ans, Rimbolt, habitant Leeton, est enrôlé dans un service secret. Quand il comprend qu’il a été manipulé durant 3 ans par le gouvernement, les services secrets, sa famille, il décide de quitter ce pays où il n’a aucun avenir,


MON AVIS SUR LE  LIVRE:

Ce livre très complexe est vraiment passionnant. Il demande une lecture attentive car les détails sont très abondants.  Le narrateur change au cours de l’histoire, de ce fait  il serait facile de se perdre ( moi j’ai pris des notes !).   La politique ainsi que la dictature sont les thèmes principaux dans le roman.  L’écriture est très belle et très agréable à lire, malgré des phrases trop longues à mon avis,  la couverture est vraiment sympa .  C’est un très bon roman d’espionnage pour ceux qui aiment la politique !

Axel, 3ème – 14 ans, membre des dévoreurs de livres d’Arsène

 

Et l’avis de « Leiard », notre nouvelle chroniqueuse (… Qui est-elle ? Aux élèves d’enquêter pour le savoir … Petit indice, elle est enseignante !) :

« Kaplan est un livre complexe, l’intrigue se déroule en 2049 dans un pays en dictature où seule une ville, Leeton, a osé résister et se retrouve indépendante, mais prisonnière de ses murs et de la guerre froide qui persiste avec le duché du Cushinberg.

Le roman suit deux personnages, Kaplan, Responsable de la Force contre-insurrectionnelle, froid et sûr de lui, envoyé pour espionner la ville de Leeton, et Rimbold un adolescent de 15 ans originaire de Leeton, chargé d’espionner l’espion. Chacun d’eux est persuadé d’agir pour le meilleur camp, mais ces certitudes ne vont pas tarder à être remises en question.

De là vont commencer toutes sortes de manipulations, aussi bien de la part des héros l’un envers l’autre, que de la part d’éléments extérieurs, si bien que parfois il peut être difficile de reprendre sa lecture ! L’intrigue est lente à se mettre en place, mais les cinquante dernières pages offrent un superbe final plein d’action.

Attention, ce livre est réservé aux bons lecteurs, et n’est pas léger. Le ton est assez cynique, et l’atmosphère peut parfois se révéler suffocante. J’ai néanmoins pris plaisir à le lire. Les sujets traités sont profonds comme la démocratie, la dictature et la liberté, et donnent à réfléchir sur ce qui se passe autour de nous aujourd’hui. »

Et un immense merci à l’auteur Sébastien Gendron pour sa dédicace !

Doublement piégé, de Dounia Bouzar

« L’ignorance mène à la peur. La peur mène à la haine. La haine mène à la violence. »

Alex Edouk, 17 ans, est en recherche d’identité : un prénom français mais un physique marocain, une mère française, mais un père marocain, juge anti-terroriste, qui a plutôt tendance à renier ses origines. Ce qui fait le lien, c’est son grand-père paternel. Sa sagesse est source d’apaisement. Très pieux, celui-ci  pratique néanmoins un islam modéré et permet à Alex de mieux appréhender ses origines multiples.

Alors, le jour où celui-ci décède d’une crise cardiaque, sans prévenir, Alex s’effondre. Il va chercher des réponses sur Internet sur la mort, sur la religion. Peu à peu, il tisse des liens avec une certaine Bachira… C’est le début de l’embrigadement… Jusqu’où Alex est-il prêt à aller par amour et par désespoir ? Comment tombe-t-on entre les mains de Daesh ? Y a-t-il un profil-type des jeunes manipulés ?

Un roman à destination d’adolescents avertis à partir de 14-15 ans qui mêle quête d’identité, souffrance psychologique, et action. Le jeune Alex, issu d’une famille très intégrée à la culture française, qui a tendance à dénigrer la religion  va se faire piéger par des discours sur la vie après la mort et l’accès au paradis. C’est en espérant sauver ses parents mécréants et leur ouvrir les portes de ce paradis afin d’y retrouver le grand-père qu’Alex, vulnérable, commence à tisser des liens sur internet. Son départ-enlèvement vers la Syrie est un tournant dans l’histoire qui devient roman d’action. On vit avec Alex les tortures que les djihadistes lui infligent pour savoir s’il est apte à intégrer leur rang et mourir pour la cause.

C’est un roman à deux voix où les points de vue alternent à chaque chapitre du récit. La voix d’Alex, adolescent vulnérable et la voix du père, juge anti-terroriste qui met tout son coeur à défendre son pays d’adoption par la voie de la justice, quitte à renier ses propres origines.

Cette histoire est aussi une histoire de famille. Quelle est la place de chacun dans le cercle familial. Comment être présent en tant que parent sans pour autant imposer sa propre vision du monde. Comment les liens familiaux se resserrent dans l’adversité et aident à affronter les épreuves. Au final, chacun fait son chemin de vie et se remet en question par rapport aux valeurs qu’il souhaite défendre et ce en quoi il croit. Le chemin que l’on prend n’est pas toujours le bon et l’on fait des erreurs mais tout reste possible. Finalement, malgré le propos dur de ce livre, il s’en dégage un parfum d’optimisme. Faisons confiance en l’Humanité.

Un livre sur les rouages de la manipulation et de l’embrigadement qui permet de mieux comprendre de l’intérieur comment tout cela est possible et que tout n’est pas forcément noir ou blanc. Un roman d’actualité bien construit qui permet aux jeunes lecteurs d’appréhender un sujet difficile et hélas trop présent dans leur quotidien.

Photos chopées : les images disent-elles la vérité ?, de David Groison

Ouvrons l’oeil

9782330017934A peine quelques années après la naissance de la photographie apparaît la première photo truquée… Eh non, il n’y a pas que photoshop qui est en cause ! Le jeu de mot du titre est une excellente entrée en matière pour une réflexion sur la manipulation à laquelle tout un chacun est exposé  chaque jour de la part des médias. Les images disent-elles la vérité ?  C’est la grande question, et elle a toujours été d’actualité ! Au XIXème siècle, un portrait du président des Etats-Unis, Abraham Lincoln a été truqué afin de le montrer dans une posture plus héroïque… Et depuis, ces manipulations ne se sont jamais arrêtées… Leur but ? Faire disparaître personnages ou objets compromettants, masquer la vérité comme outil de propagande, valoriser des faits, rendre l’image (de l’autre ?) plus esthétique. Après quelques exemples précis, l’ouvrage s’attache à partir d’un exemple d’une photographie de François Hollande, alors en campagne électorale, à montrer une dizaine d’images différentes réalisées grâce à des trucages (changer les contrastes, modifier les tailles, les textes, etc). Maintenant, la question cruciale reste : peut-on publier des photos modifiées dans la presse d’actualité sans que cela nuise à l’information fournie au lecteur ? La déontologie du journaliste n’est-elle pas alors mise en cause ? Et peut-on continuer à croire que les photos rendent compte de la réalité lorsque l’on sait qu’un seul changement d’angle de vue fausse déjà la perception d’une image, mais qu’il est possible de faire bien plus avec le numérique ? J’avais entendu parler il y a quelques semaines d’un prix refusé à un photographe qui avait gommé un pied qu’il trouvait inesthétique sur un terrain de sport (mais je ne retrouve plus le lien, quelqu’un peut-il m’éclairer ?).  Un début de conscience professionnelle ?

Un livre documentaire riche en exemples et abondamment illustré qui permet de donner des pistes simples et un premier éclairage sur le décryptage de l’actualité et sur la manipulation des images à laquelle on est confronté quotidiennement parfois sans le savoir… Un petit ouvrage instructif et très abordable à acquérir dans tous les CDI et que l’on peut recommander sans complexe aux élèves dès la 3ème.

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Et mes yeux se sont fermés, de Patrick Bard

J’interromps la trêve estivale pour un roman choc à découvrir le 25 août en librairies.

Embrigadée par Daesh

9782748520590Maëlle a 16 ans et vit chez sa mère avec sa petite sœur. Avec son père, les relations sont plutôt tendues. Douée dans les matières littéraires, elle ne comprend pas grand chose jusqu’à ce qu’un camarade de classe se charge de l’aider. Rebelle dans l’âme, détestant les injustices, elle rêve de faire de l’humanitaire. Une adolescente apparemment bien dans sa peau, qui n’a pas la langue dans sa poche. Mais peu à peu, la jeune fille va changer…

Maëlle passe en effet de plus en plus de temps sur le net, sur Facebook en particulier où elle passe des journées à discuter avec d’autres jeunes filles. Bientôt, elle modifie sa façon de s’habiller, ne se rend plus en cours de sport, quitte son petit ami… Sans le savoir, elle est en train de tomber dans les mailles du filet des intégristes de Daesh qui lui font miroiter qu’en rejoignant leur groupe, qu’en adoptant leurs règles, qu’en se mariant avec l’un des leurs, elle pourra sauver les enfants syriens du massacre. En quelques semaines, la vie de Maëlle va totalement basculer : l’adolescente décide de changer de prénom et de partir faire le jihad. Dans son entourage, personne n’a rien vu venir ou, plutôt, tous ont refusé de voir et de croire l’impossible…

Autant vous prévenir d’emblée, on ne ressort pas indemne d’une telle lecture et c’est tant mieux. C’est la preuve que l’auteur, Patrick Bard, photojournaliste et grand voyageur, a accompli avec brio l’objectif qu’il s’est fixé. Disséquer, au travers d’un roman, les mécanismes complexes qui peuvent pousser une jeune fille à rejoindre Daesh alors que rien ne la relie de près ou de loin avec les islamistes radicaux. Page après page, on sent que l’auteur a effectué un travail de recherches très poussé. Rien n’est laissé au hasard. De la toile d’araignée qui se tisse via les réseaux sociaux aux des vidéos de propagande ressemblant à des clips musicaux avant les images de décapitations, le romancier décortique avec minutie tout le process qui amènent les jeunes occidentaux à partir en Syrie. C’est d’ailleurs après les attentats de Charlie Hebdo et parce que le fils d’une amie a été embrigadé en quelques semaines que Patrick Bard s’est décidé à écrire sur le sujet. Il a également volontairement choisi un personnage féminin car on ne parle pas souvent des jeunes filles dans les médias alors qu’elles sont nombreuses à partir. Très peu reviennent. Elles ne participent que très rarement aux combats mais vivent dans des conditions effroyables après avoir été mariées et fécondées – je choisis volontairement ce dernier mot – pour assurer la descendance des combattants. Elles sont victimes de manipulations, de rapt mental dignes des plus puissants mouvements sectaires.

Voilà pour ce qui concerne le fond. Pour ce qui est de la forme, là aussi l’auteur frappe fort en choisissant la forme du roman choral qui donne à voir les points de vue de l’entourage de la jeune fille. Chaque chapitre correspond à un personnage. Les plus proches reviennent évidemment plus souvent et évoquent la transformation de Maëlle qui se coupe peu à peu de son environnement. Je trouve que cette technique dramaturgique convient parfaitement pour transcrire à la fois l’évolution de l’adolescente et l’incompréhension et l’impuissance des personnes qui l’entourent. Nul besoin d’en dire plus, je vous laisse découvrir par vous-même ce roman coup de poing. Un vrai coup de cœur. A lire aussi bien par les adolescents que par les adultes. A partir du 25 août dans vos librairies.