Carmilla, de Sheridan le Fanu

Laura, jeune femme de 18 ans, vit dans un château reculé de Styrie*, avec son père, sa gouvernante, Mme Perrodon et Mlle De Fontaine, sa préceptrice. Sa mère est morte alors qu’elle était enfant. Il y a peu de distraction et peu de visiteurs dans ce coin solitaire entouré de forêts, alors Laura se fait une joie de la visite prochaine de la nièce du général Spielsdorf. Hélas, bientôt, ils apprennent que la pauvre enfant est morte dans des circonstances mystérieuses et la visite ne peut donc avoir lieu. Un jour, un attelage a un accident sur le pont à proximité de la demeure. Voiture renversée, chevaux au sol, et une jeune fille inanimée, sa mère à ses côtés. Laura et son père proposent dès lors leur aide. La jeune fille, Carmilla, sera confiée aux soins de leur hôte, le temps que la mère termine son voyage qui pour elle est « une question de vie ou de mort ». Cela permettra à Laura de se changer les idées, pense son père. Installée au château, la ravissante Carmilla séduit la jeune Laura qui noue avec elle une amitié passionnée. Peu à peu, l’état de santé de Laura se détériore alors qu’une étrange maladie sévit dans la région.

Un court roman de vampire du XIXème siècle qui met en avant les personnages féminins et fleurte avec l’homosexualité dans une relation d’amitié intense et sensuelle. Tous les ingrédients du récit du genre sont là pour ce roman gothique qui préfigure le Dracula de Bram Stoker.

Maître du récit fantastique et d’épouvante, l’écrivain irlandais Joseph Sheridan Le Fanu, très connu Outre-Manche, ne bénéficie cependant pas en France d’une grande notoriété. Pourtant Carmilla est une oeuvre ambiguë et riche, envoûtante et troublante, qui fait partie du patrimoine classique de la littérature et qui mérite qu’on s’y attarde.

*Styrie – note de l’éditeur : région du sud-est de l’Autriche et du nord de la Slovénie actuelles, particulièrement retirée au XIXème siècle. C’est dans cette zone géographique que le mythe littéraire du vampire trouve sa source.

La maison de Claudine, Colette

La maison du bonheur…

La maison de Claudine" Colette/ Très bon état/ 1991/ Livre poche

Avec La maison de Claudine, Colette a sans doute eu le besoin de revenir à ses racines, à ses années dans la maison familiale de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Elle exprime ainsi avec force son attachement à son enfance, un souvenir presque douloureux puisqu’elle dépeint une maison qui est vide maintenant et dont les principaux occupants sont presque tous morts.
Ce retour aux sources lui permet de rendre un hommage fort à sa mère Sido. Une mère très active et très aimante, peut-être un peu trop protectrice. Mais reprocherait-on à une mère d’être ainsi ? Sido lui a transmis cet amour de la nature, des animaux. Très précise dans les détails, Colette revit avec nostalgie et émotion, son quotidien dans cette demeure de Puisaye. Et puis il y a le jardin qui occupe une place toute particulière. Un jardin que sa mère entretenait avec passion. On ne se lasse pas de le parcourir, de partager avec Colette toutes ces odeurs, ces couleurs qui font de ce lieu, un havre de paix. Colette est tel un peintre devant son tableau. Elle fait rejaillir toute la féérie de ce lieu, on a même l’impression d’entendre parfois les cris d’enfants. On reste suspendu à sa plume, on n’est plus de simples lecteurs , on a l’impression de faire partie intégrante du décor. La maison de Claudine est donc
un ensemble de recueils de souvenirs dont l’écriture, et le style harmonieux donnent une puissance particulière à la description des lieux et des personnages.

A découvrir à Saint Sauveur en Puisaye, à quelques kilomètres à peine de notre village, la maison de Colette ainsi que le musée, incontournables dans la région. L’atmosphère qui se dégage de ces lieux nous plonge de manière profondément étonnante dans les pages d’écriture de l’auteur.

http://www.maisondecolette.fr/

L’homme invisible, de H.G. Wells

L'homme invisible" H.G. Wells/ Très bon état/ Livre poche

C’est un homme bien étrange qui a passé la porte de l’auberge de Mme Hall à Iping. M. Griffin, c’est son nom, est emmitouflé des pieds à la tête, un bandage ne laissant rien apercevoir de son visage, des lunettes aux verres à angle droit cachant ses yeux, un nez rouge étrange. Pas un millimètre de peau visible … Il se dit homme de laboratoire menant des recherches en secret. Il vit dans la solitude et la pénombre de sa chambre avec des accès d’humeur incontrôlés… Mais qui est-il ? Les rumeurs vont bon train alentour ! Un malade atteint d’une maladie grave de peau ? Un accidenté défiguré ? Un nègre ? Un criminel en fuite ?

Qui n’a pas rêvé, au moins une fois, d’être invisible ? Voir ce qui se fait en secret, écouter ce qui se dit en notre absence ? L’homme invisible était pour moi une histoire acquise que j’étais ravie de (re?)lire… Quelle ne fut pas ma surprise en me rendant compte que je ne la connaissais en fait pas bien du tout ! Que le personnage de l’Homme invisible est loin d’être un personnage sympathique !

Le récit est construit sous forme de flash-back. La première moitié environ, raconte le présent de l’homme invisible lors de son arrivée dans l’auberge de Mme Hall, jusqu’à sa fuite et sa rencontre avec le Dr Kemp. C’est lors de cette rencontre que l’auteur prend prétexte du récit de M. Griffin au Docteur pour apprendre à son lecteur l’histoire passée du personnage. Les recherches du scientifique ont commencé sur un chat, puis il a servi lui-même de cobaye à son expérimentation. Le pouvoir que lui a conféré son invisibilité et le manque d’argent pour continuer à financer ses recherches l’ont fait sombrer dans une démence de plus en plus incontrôlable. Publié en 1897, ce roman est l’un des plus célèbres de son auteur et est entré dans la littérature dite classique et dans l’imaginaire de tous. Il a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographique Le style est assez daté et littéraire et conviendra à des lecteurs assez aguerris. Un roman qui de par sa notoriété mériterait une analyse plus fouillée, mais tel n’est pas le propos de ce blog, alors je vous laisse découvrir par la lecture du texte la personnalité subversive de l’Homme invisible ! Jusqu’où va-t-il aller dans ses atrocités ?

Le sagouin, de François Mauriac

Le souffre douleur

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Le Sagouin c’est Guillaume, un enfant rejeté par sa mère, Paule, une roturière. Guillaume est sale, laid et sa mère ne supporte plus de le voir si bête et si malpropre. Elle a épousé le père de Guillaume, Galéas de Cernès, pour avoir le titre de baronne et sortir de son milieu social d’ouvrier. Ce dernier est un homme de très bonne famille, au physique disgracieux. De cette union improbable est donc né Guillaume. Tous vivent dans le château familial, où seule la grand-mère règne. Celle-ci n’accepte pas le mariage de son fils avec Paule. Le jeune garçon de 12 ans n’est toujours pas scolarisé car personne ne veut l’accueillir .L’instituteur du village lui reconnaît pourtant des qualités mais l’enfant n’attire que maltraitance et dégoût. Guillaume souffre beaucoup de toutes ces moqueries et des rejets dont il fait l’objet. Il est mal aimé par une mère qui n’a aucun geste de tendresse. Elle a autant de répugnance pour son mari que pour son fils. Quant au père, il ne sait pas tenir tête à sa femme.

Un roman fort de François Mauriac qui dépeint la maltraitance et la souffrance psychologique d’un enfant. Une histoire cruelle qui me fait beaucoup penser à Vipère au poing de Hervé Bazin. Une mère tyrannique, un père mou, soumis. Le Sagouin c’est aussi tout le supplice d’être différent. Dans cette histoire, chaque personnage a ses souffrances, ses blessures qui les enferment dans une solitude et malgré tout, ils doivent vivre ensemble. Ici pas question d’amour, de tendresse, les cœurs sont froids, durs. Guillaume et son père Galéas nous emmèneront vers une fin tragique, bouleversante et terrifiante.

La planète des singes, de Pierre Boulle

Jinn et Phyllis, « un couple de riches oisifs » passent leurs vacances dans l’espace, à bord de leur « navire à voile », à une époque où les voyages interplanétaires sont la norme. Un jour, ils découvrent une bouteille scellée à la cire contenant un rouleau de papier blanc. Fiévreux, ils l’ouvrent et déroulent le manuscrit. Celui-ci est composé de plusieurs feuillets fins. Ecrit dans le langage de la Terre, il commence par ces mots :

« Je confie ce manuscrit à l’espace, non dans un dessein d’obtenir du secours, mais pour aider, peut-être, à conjurer l’épouvantable fléau qui menace la race humaine. »

Embarqué dans un vaisseau cosmique en 2500, le protagoniste Ulysse Mérou, journaliste, et son équipe composée du docteur Antelle et son assistant Arthur Levain, avaient pour projet d’atteindre Betelgeuse, une planète située à environ trois cents années-lumière de sa planète. Ils décident dans un premier temps d’atterrir sur l’une des planète alentours, Soror, dont l’aspect et la composition se rapprochent de ceux de la Terre. Leur excitation est à son comble lorsqu’ils découvrent que la planète est habitée… Pourtant, la surprise est de taille lorsqu’ils se rendent compte que les habitants ne sont autres que des singes qui ont organisé leur vie au sein d’une société hiérarchisée.

Je suis bien heureuse d’avoir pris la peine, enfin, de lire ce roman. Bercée par la série durant ma jeunesse, l’histoire hante mon esprit depuis toujours. Le roman est captivant et ne perd rien de son intérêt malgré les diverses adaptations vues sur les écrans. Il s’agit ici d’une société où les rôles sont inversés. Ce sont les singes qui sont au pouvoir et les humains qui leur servent de cobayes de laboratoire. Ce renversement des rôles est propice pour l’auteur à une dénonciation des droits que s’octroient une espèce vivante sur une autre, dans le but de servir ses intérêts. Une réflexion philosophique riche et profonde qui suscite l’intérêt du lecteur. Un livre bien construit, original, aux rebondissements incessants. Une lecture d’un classique de la science-fiction, qu’on ne pense peut-être pas à lire… et c’est plus que dommage car c’est efficace et n’a pas pris une seule ride !

Vendredi ou la vie sauvage, de Michel Tournier

Vendredi ou la vie sauvage

Robinson, parti à l’aventure, fait naufrage sur une île déserte. Il essaye alors de survivre, faisant de son île un mini état, avec lui et son chien pour seuls habitants. Un jour, il sauve la vie d’un jeune indigène, qu’il nomme Vendredi, et qui devient son esclave. Robinson apprend à Vendredi la civilisation, son mode de vie anglaise, lui apprend à parler anglais. Mais un jour a lieu une terrible explosion qui va changer sa vie, et celle de Robinson.

J’ai vraiment adoré ce livre, qui m’a fait tantôt rire, tantôt pleurer. Je l’ai découvert grâce à mon père quand j’avais 9 ans, et l’ai redécouvert pour un projet de classe cette année en 5ème. Inspiré du roman de Daniel Defoe, Robinson Crusoé, lui même inspiré d’une histoire vraie, ce récit est passionnant. Je le conseille vivement.

Pour nos grands lecteurs…

Pour vous, lecteurs adultes qui nous lisez, un petit lien sympa pour aller fouiller dans votre bibliothèque personnelle et y dénicher quelques livres oubliés mais tellement d’actualité :

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/roman/covid-19-de-sophocle-a-stephen-king-quinze-livres-inspires-par-des-epidemies-a-lire-ou-a-relire_3853615.html

Bon… peut-être pas l’idéal pour garder le moral en ces temps troublés, mais ça m’a bien donné envie d’en lire ou relire quelques uns, alors peut-être que vous aussi !

source – France info

De cette liste, j’ai déjà lu dans ma vie (mais c’était il y a maintenant bien longtemps…) : Oedipe-roi, Le sixième jour, La peste, Le hussard sur le toit, Peste et la Peste écarlate… Aujourd’hui, mon choix se porterait bien sur l’Aveuglement de José Saramago, prix Nobel de littérature en 1998 … qui, d’après ce que l’on m’en a dit « est trop bien mais fait flipper »lecture violente réservée aux adultes avertis) !

Et vous ? Partagez vos lectures en commentaires !!!

Et si vous n’avez pas La Peste de Camus dans votre bibliothèque, sachez que La grande librairie a lancé une lecture participative du roman, avec le soutien des éditions Gallimard. A retrouver tous les jours sur les réseaux sociaux de l’émission.

Bonnes lectures et prenez soin de vous !

La nuit des Temps, de René Barjavel

Les Dévoreurs de livres d’Arsène, les chroniques des élèves du comité de lecture du blog

Amour. Ce mot, que la Traductrice utilise parce qu’elle ne trouve pas l’équivalent du vôtre, n’existe pas dans votre langue. Depuis que je t’ai vue vivre auprès de Paikan, j’ai compris que c’était un mot insuffisant. Nous disons « je l’aime », nous le disons de la femme, mais aussi du fruit que nous mangeons, de la cravate que nous avons choisie, et la femme le dit de son rouge à lèvres. Elle dit de son amant : « Il est à moi ». Tu dis le contraire : « Je suis à Paikan » et Paikan dit : « Je suis à Elea ». Tu es lui, tu es une partie de lui-même.

Tout commence dans le désert glacé de l’Antarctique… Des chercheurs découvrent une sphère parfaite faite d’or. Plus d’or que la Terre n’en a jamais porté ! D’où vient ce miracle ? Mais surtout… un signal vient de l’intérieur de la sphère. Les journalistes s’interrogent. Qui ou quoi ? Lorsque les scientifiques entrent dans « l’œuf », ils découvrent un homme et une femme magnifiques, congelés. Comme l’homme est blessé, les scientifiques tente de décongeler la femme. L’opération réussit et elle leur apprend qu’elle fait partie d’une civilisation aujourd’hui disparue. Elle leur apprend aussi qu’elle s’appelle Eléa et que l’homme s’appelle Coban. En se servant d’une étrange machine, Eléa montre ses souvenirs aux scientifiques. Tous se réjouissent de leurs découvertes… en particulier le docteur Simon, qui est tombé fou amoureux d’Eléa…

J’ai adoré ce livre. Il y a plusieurs années que je demande à mes parents si je peux le lire, et il y a quelques mois, ils ont enfin acceptés ! En effet, c’est là l’origine de mon prénom : Eléa. Mes parents ont lu « la nuit des temps » lorsqu’ils étaient en quatrième et ont adoré !!!  La lecture de certains passages peut s’avérer un peu lourde en raison des nombreuses descriptions riches en adjectifs. L’histoire est tragique, ce n’est pas pour les âmes sensibles.

Il serait peut-être temps de se demander si la perfection n’est pas dans l’enfance, si l’adulte n’est pas qu’un enfant qui a commencé à pourrir…

Eléa, 5ème – membre des Dévoreurs de livres d’Arsène

Meurtre au champagne, de Agatha Christie

Les dévoreurs de livres d’Arsène, les chroniques des élèves du comité de lecture du blog

Rosemary meurt au Luxembourg, un restaurant réputé. On croit au suicide. Un an plus tard,  son mari, George, qui veut honorer la mémoire de sa femme, retourne au Luxembourg avec les témoins du précédent drame. Mais bientôt il décède, après avoir bu une coupe de champagne. Le suicide n’est plus possible ! Un meurtre ? Mais qui ? Découvrez l’avancée de l’histoire sous les témoignages de Inès, la sœur de Rosemary, de Anthony Browne et de Stephen Farraday, deux anciens amants de Rosemary , et enfin de Sandra Farraday, la femme de Stephen. Qui a tué les deux époux et pourquoi ?

J’ai adoré ce livre, dans lequel plane un sentiment de mystère, comme dans les « Dix petits nègres » et « Le crime de l’Orient-Express ». Je le conseille vivement. Les deux meurtres parallèles,  même s’ils paraissent assez semblables, créent le suspens. J’ai adoré.

Eléa, 5ème – membre des dévoreurs de livres d’Arsène

Un meurtre est-il facile ?, d’Agatha Christie

Les dévoreurs de livres d’Arsène, les chroniques des élèves du comité de lecture du blog

Était-elle attendrissante cette vieille dame qui confiait à Luke Fitzwilliam qu’elle se rendait à Scotland Yard pour dénoncer un individu coupable d’une série de meurtres ! Elle lui rappelait sa tante Mildred. Pour sûr, elle déraillait un peu… Luke l’aurait d’ailleurs oublier si elle n’avait pas eu un accident, juste avant d’avoir pu parler à la police. Eh oui! Elle avait raison, un meurtre est si facile !

J’ai beaucoup aimé ce livre car comme tous les Agatha Christie, il a énormément de suspense. Il est intéressant, je ne m’attendais vraiment pas à cette fin… Malgré mes recherches pour identifier le meurtrier, je n’y arrive pas, et ceux malgré les notes que je prends tout au long de ma lecture ! 

Mina, 5ème – membre des Dévoreurs de livres d’Arsène