Chère maman, de Sylvie Baussier

Une femme, mère d’une adolescente de 12 ans, décide de commencer un journal intime sous forme de lettres adressées à sa propre mère. Elle ne pense pas être capable d’envoyer un jour ces lettres mais a besoin de mettre des mots sur la douleur ressentie depuis toujours face à la froideur de sa mère à son égard, à une mère qu’elle n’a plus jamais appelé « maman » depuis l’âge de huit ans. 

Tu es une pierre dans l’eau froide d’un torrent. Tu es le métal qui colle à la main quand on veut le retirer du congélateur, qui arrache un lambeau de peau et un cri d’effroi. Tu es mon étrangère.

Je suis censée être une adulte, depuis longtemps. Je suis même devenue maman. Et pourtant, ce vieux chagrin est toujours tapi en moi ; parfois il se redresse et réclame son droit à me pourrir la vie. J’ai à la fois deux ans, huit ans, quinze, vingt, trente… Nous sommes tous nos âges à la fois, n’est-ce pas ?

Un jour, son carnet, si précieusement gardé dans une poche secrète de son sac, disparaît…

Un récit très court, à deux voix, celle de la jeune mère qui écrit ses lettres en commençant par un « Chère maman » distant et celle de sa fille, une adolescente de 12 ans, qui, elle aussi, va écrire des lettres à sa mère, les commençant par un « Mamounette chérie » complice et tendre.

Deux vécus très différents d’une relation à la mère qui construit l’adulte de demain. Sans violence, avec compréhension et espoir malgré le manque de tendresse, la jeune femme se raconte, avec ses failles et ses douleurs, dans sa quête profonde d’un amour maternel absent. C’est sa fille adolescente qui lui permettra d’affronter ses démons et de mieux comprendre et vivre son histoire.  Il n’y a pas seulement la violence physique qui peut créer une douleur dans sa relation au parent. La froideur, le manque de tendresse peuvent être un frein tout aussi puissant à la construction de soi et  rester présent à l’âge adulte si la communication ne s’établit pas entre les deux. Mais cela n’est pas une fatalité, en devenant mère à son tour, il est possible de casser ce schéma douloureux.

Un beau récit épistolaire sur l’amour maternel. En fin d’ouvrage, une petite interview d’une psychologue ethnologue dresse les portraits des différents amours maternels existants.

Petite anecdote  que j’ai appris dans ce livre et que j’aimerai partager avec vous : à l’intérieur des pépins de pommes se trouve une petite amande comestible. Ma jeune fille de 5 ans aime désormais ce petit moment de partage complice, même s’il est assez difficile pour moi de lui  récupérer cette amande vue la taille du pépin. 

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