Traces, de Florence Hinckel

Identité numérique

Afficher l'image d'origineMarseille, 12 août à 15h.  Thomas, 13 ans, termine ses recherches sur le web sur le thème des armes à feu. son projet : l’écriture d’une fan-fiction, une histoire qu’il a imaginé avec son copain Steven et qui prolonge l’univers du jeu vidéo « Bandits » auquel, à son grand désespoir, sa mère refuse de le laisser jouer. Tout à coup, des bruits inhabituels lui arrive de la cage d’escalier : des flics le recherche ! Pourquoi ? Il n’en a aucune idée jusqu’à ce qu’il entende la conversation à travers la porte : il VA commettre un meurtre !!! Ni une ni deux, Thomas décide de s’enfuir… Une course folle commence.

Ce roman alterne les points de vue : des chapitres à la première personne laissant la voix à Thomas, personnage principal sont entrecoupés de chapitres donnant le point de vue de la commissaire, sceptique quant à la nécessité de cette arrestation, et qui a bien d’autres chats plus gros à fouetter et d’articles de presse en flash back permettant de comprendre l’évolution de cette politique préventive et de la mise en place du logiciel Traces, intelligence artificielle censée détecter les futurs criminels.

« Il faut agir plus tôt, détecter chez les plus jeunes les problèmes de violence. Dès la maternelle, dès le primaire, il faut mettre des équipes pour prendre en charge ces problèmes »  déclarait en 2005 Nicolas Sarkozy alors ministre de l’intérieur. L’idée était de détecter dès le plus jeune âge les troubles du comportement. Probablement l’auteur de ce petit récit est partie de cette idée en la poussant à l’extrême, c’est à dire, non seulement on détecte les personnes qui pourraient, en fonction de leur comportement durant l’enfance, poser des problèmes de violence plus tard, mais le logiciel permet ici également de connaître le jour et et l’heure du délit. Si l’individu est innocent jusqu’à preuve du contraire, qu’est-ce que la société peut faire de ces criminels en puissance mais qui n’ont pas encore commis de crime ? Une autre question intéressante est abordée dans  ce petit roman : l’identité et la trace numérique. Est-ce que le sujet de recherche sur Internet permet de cataloguer un individu (ici en l’occurrence des recherches sur les armes). Les traces laissées sur les ordinateurs, sur les réseaux sociaux, sur les historiques des moteurs de recherche, la mémoire artificielle des machines utilisées à des fins publicitaires par exemple ne peuvent-elles pas devenir un danger pour notre vie privée ?

Un roman de science-fiction qui se lit très vite, qui aborde en une centaine de pages petit format des thématiques intéressantes pour les adolescents… et qui n’est finalement pas si loin de la réalité ! La couverture du livre aurait mérité un traitement plus moderne… cela risque, hélas, d’arrêter les lecteurs dans leur choix. A lire dès la 6ème à mon avis. Du même auteur, vous pouvez aussi lire la chronique de Yannis, un des opus de la tétralogie U4.

Laisser un commentaire