Garulfo, de Alain Ayroles

La grenouille qui veut se faire aussi grosse que l’homme

Garulfo est une grenouille qui n’a qu’une obsession : devenir l’un de ceux qu’elle admire, c’est-à-dire un homme. Grâce à un baiser et à l’enchantement d’une sorcière, son voeu se réalise. Mais il n’est pas si facile de se tenir debout lorsqu’on a toujours été habitué à évoluer à quatre pattes. Après un malentendu, Garulfo se fait une place au sein du chateau en se faisant passer pour un prince qui vient demander la main de la princesse. Mais finalement, la vie d’homme n’est pas aussi belle qu’il l’avait espéré. L’homme qui est pourtant au sommet de la chaîne alimentaire n’est pas hors de danger. Il a bel et bien un ennemi : lui-même. En effet, Garulfo va très vite se rendre compte de l’injustice qui règne dans la société et de la cruauté de l’être humain envers les animaux comme envers son prochain.

Cette très bonne série de bande-dessinée nous emmène au moyen-âge dans l’univers des contes, des châteaux et des chevaliers. Prenant pour base, le conte du crapaud qui se transforme en prince, l’auteur le transforme quelque peu afin de faire du héros principal une grenouille qui découvre le monde humain avec un regard nouveau, naïf mais sincère. Grâce à ce procédé, on obtient une réelle critique de la société, à la fois écologique et humaniste. D’autres contes sont ainsi détournés au fil des tomes et il est amusant de les découvrir et de voir les histoires de notre enfance réécrites. Certains traits de personnalité des personnages sont volontairement accentués : bêtise, cruauté… pour les rendre encore plus ridicule. Ce conte que l’on peut qualifier de philosophique est donc aussi très drôle. Ce procès des hommes fait par des animaux n’est d’ailleurs pas sans rappeler La conférence des animaux d’Erich Kästner. A découvrir au CDI qui possède toute la collection !