Le refuge des ptits-tout-seuls, de Marie et Joseph

Des nouveaux amis…

petits.jpgLes ptits-tout-seuls, c’est une bande de copains qui ont bâti un refuge pour chiens abandonnés. Tous les jours après l’école, les enfants vont les nourrir, les sortir. Mais quand Sarah est allée au refuge ce midi, l’enclos était ouvert et il ne restait plus aucun chien. Un garçon de la classe est vite soupçonné : le Hibou. On l’appelle ainsi car il porte des lunettes énormes. Ayant un souci à un pied, il est obligé, en plus, de porter une grosse chaussure. Il est tout le temps tout seul et quand il a voulu faire partie des Ptits-tout-seuls , il s’est fait rejeter. Il a été menaçant en disant qu’il se vengerait. Alors forcément, il est pointé du doigt. Mais prudence, les soupçons ne suffisent pas, il faut des preuves. Un membre de la bande décide de mener son enquête et à la surprise générale, il demande à «Hibou» de l’aider à démasquer le ou les coupables. Le binôme est prêt à se lancer aux trousses des malfrats à la manière de  Starsky et Hutch, les célèbres détectives. Une course contre la montre va commencer. Nos deux héros vont-ils réussir à remonter la piste des malfrats qui ont kidnappé les chiens ? L’enquête parait déjà difficile car les indices sont très maigres.

Une intrigue policière qui va mener notre jeune public au sein d’un vaste trafic de chiens. Le lecteur est sensibilisé au fait que des animaux sont sacrifiés pour des tests en laboratoire. Triste réalité ! Un moment de lecture qui met aussi l’accent sur la différence. Hibou se prénomme en réalité Wladimir. Il porte de grosses lunettes et une malformation handicape un de ses pieds. Alors, on lui donne un surnom. Les soupçons se portent sur lui simplement parce qu’il n’est pas comme les autres. Et pourtant c’est lui qui va mettre tout en œuvre pour retrouver les chiens. Au final, il va gagner sa place au sein du groupe et forcer le respect. Hibou a disparu, Wladimir est né.

La cicatrice, de Bruce Lowery

L’autre moi

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Jeff, 13 ans, est un enfant heureux. En apparence seulement. Jeff est né avec un bec de lièvre. Certes, il s’est fait opérer mais il reste une cicatrice qui lui rappelle toujours qu’il est différent. Sa mère, une protestante croyante, s’est toujours interrogée sur ce qu’elle avait fait à Dieu pour avoir mérité ça. Elle se sent coupable. Son père dit simplement que « ce sont des choses qui arrivent». Jeff se demande également pourquoi lui. Si Dieu est si bon pour quelles raisons a-t-il laissé le destin en décider ainsi ? Jeff se persuade que s’il adresse des prières à Dieu, un miracle pourra surgir et faire disparaître cette marque disgracieuse. A l’école, ce ne sont que brimades et moqueries, l’adolescent a même un surnom : grosse-lèvre. Il est maltraité par les autres élèves qui n’hésitent pas à le dévaloriser, à le traiter comme un moins que rien. Il est humilié. Jeff n’arrive pas à s’imposer, il n’a pas le courage de faire face. Heureusement, il peut compter sur son nouvel ami, Willy, qui le rassure et qui l’aide à prendre confiance. Ils ont même une passion commune, la collection de timbres. Une amitié rare, inespérée. Mais voilà, la vie de Jeff va changer, les mensonges et les trahisons vont devenir pour lui le seul moyen de s’affirmer. Lui si droit, si honnête va basculer dans la spirale infernale du mal.

La cicatrice est un beau roman qui met en avant la différence, le rejet de l’autre, l’exclusion, la solitude, l’incompréhension. Pourquoi autant de cruauté face à quelqu’un qui ne rentre pas «dans le moule». Jeff est né dans une famille protestante où Dieu prend une place importante. Cette image sera écornée à la fin du roman au vu de toutes les épreuves qui vont toucher la famille. Jeff est torturé. Il a des remords car il a mal agi mais n’arrive plus à se sortir de cet engrenage qui le pousse à mal agir. Est-ce le seul moyen d’exister, de montrer qu’on est là quand on est différent ?

Wonder, de R.J Palacio

Une belle dose de bonheur…

Wonder,  de R.J Palacio

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Jaimerais bien que ce soit tous les jours Halloween. On porterait tous des masques. Comme ça, on pourrait prendre le temps d’apprendre à se connaître avant de dévoiler nos visages.

En effet, ce serait bien d’arrêter de juger sur les apparences. Apprendre à se connaître, à se faire une opinion sur quelqu’un en le côtoyant et non sur une image qu’il peut renvoyer. On existe à travers le regard de l’autre mais parfois ce même regard tue. August Pullman est un petit garçon de 10 ans, que la vie n’a pas épargné, je devrais dire que la naissance n’a pas épargné. Il est né avec une malformation faciale qui a nécessité de nombreuses opérations pour rendre à son visage une apparence plus humaine. Il n’a jamais été scolarisé et cette année il franchit le pas, il entre en 6ème. Un grand débat au sein de la famille : faut-il qu’August aille à l’école ? Que va-t-il se passer quand les autres élèves vont le voir ? Des moqueries, de la compassion ? August a peur, il appréhende. Comment va-t-il affronter les réactions qu’auront adultes et adolescents en voyant son visage ?

Je suis tombée sous le charme d’August, oui, sous son charme. C’est un petit garçon doux, très attachant, courageux, conscient de son handicap. Il est regardé comme un monstre et au sein du collège, les avis à son sujet sont très partagés. Il a des amis sincères et des ennemis qui n’hésitent pas à le harceler. Mais August ne se démonte pas. Il aime assister aux cours et adore  les matières scientifiques. Il fait preuve de beaucoup d’humour. Il comprend les réactions qu’il suscite mais s’arme sans cesse de courage pour les affronter.

L’auteur met en avant les difficultés de la famille à assumer un enfant différent, les craintes des parents qui ont tendance à le surprotéger alors que lui ne demande qu’à exister parmi les autres. Beaucoup d’amour entoure August. La famille fait bloc mais malgré tout, sa sœur a honte de lui. Elle entre au lycée et essaie de le tenir éloigné pour ne pas entacher son image aux yeux de ses amis. Et pourtant elle l’aime tellement ! Le jeune garçon va nous livrer une description de son visage qui glace. Paradoxalement, je n’ai pas pu imaginer à quoi il pouvait ressembler. C’est bizarre, mais je pense qu’il transmet une image de lui tellement belle, il est tellement touchant que son visage ne peut pas être hideux. L’être humain est égoïste et méprisant. Cette méchanceté cause plus de dégâts que le handicap lui-même. La solidarité et l’amitié facilite l’acceptation de soi. Wonder est un roman très émouvant mais qui ne se veut pas larmoyant. L’auteur n’a pas hésité à décrire toute la violence dont est victime August, tant dans les gestes que dans les paroles. Elle va droit au but et met le lecteur tour à tour dans la peau d’August, de ses parents, de ses amis, de ses ennemis. Wonder nous remue, nous chamboule. A noter que R.J Palacio a écrit ce roman après une mésaventure qui lui est arrivée alors qu’elle achetait des glaces à ses deux garçons. Ils ont croisé une petite fille qui souffrait de malformation faciale. Ses fils ont eu peur, ils ont pleuré. R.J Palacio est alors partie, emmenant précipitamment ses enfants. Elle s’en est voulue. Elle n’aurait pas dû réagir ainsi, elle n’a pas donné le bon exemple à ses enfants. Elle a alors décidé d’écrire Wonder , une sorte de mea culpa.

WONDER, c’est des larmes, des sourires, de merveilleuses émotions.

Cette histoire a été adaptée au cinéma. Sortie prévue le 20 décembre. Découvrez également le tome 2 au CDI Auggie et moi.

Auggie et moi : trois nouvelles de Wonder, de RJ Palacio

A tous les Auggie du monde …

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Loi de 2005 sur le handicap : intégration des enfants à handicap en milieu scolaire. Une très bonne chose. Mais aurait-il fallu également voter une loi sur l’acceptation de la différence ? Nul doute. L’école pour tous ? Encore faut-il que le regard des autres changent, que les mentalités évoluent et que tous acceptent cet état de fait. Mettons-nous un instant à la place de ces familles isolées, perdues, de ces enfants subissant railleries, moqueries, rejets ! Attention, tout le monde n’a pas ce comportement égoïste, certains se montrent touchés et n’hésitent pas à épauler, à accompagner ces êtres dont la seule erreur est de ne pas être «normaux». Alors lisez Auggie et moi, un roman qui traite le thème du handicap du point de vue de trois enfants. Le premier Julian, le dur du collège, le second, Christopher l’ami d’enfance et le troisième, Charlotte, la camarade de classe. Chacun va raconter dans quelles circonstances il a été amené à côtoyer Auggie. Les situations sont différentes mais partagent une chose importante au final : la tolérance et l’acceptation de l’autre. Les trois enfants se trouvent en 6ème dans le même établissement scolaire qu’Auggie.

Le jeune garçon souffre d’une malformation faciale qui choque et il le sait. Aucun trait de sa figure ne se trouve à la bonne place. Son visage ressemble à un masque. Les réactions sont violentes de la part de certains enfants et des adultes. Auggie n’a rien demandé, il aurait voulu être un petit garçon comme les autres. Mais malheureusement, il faut qu’il apprenne à exister avec sa différence, à composer avec elle. Il se retrouve au centre de réflexions malveillantes et de regards aiguisés.

Le roman est réaliste et émouvant. Auggie est surprotégé par ses parents qui ont peur pour lui et c’est normal. Ils craignent surtout son exposition au monde extérieur qui peut se montrer si cruel. Exploiter ce que provoque cette malformation sur un entourage étranger à l’enfant, fait prendre conscience au lecteur que toute cette méchanceté est lourde de conséquence. L’impact est fort. Ce qui est intéressant ici est que l’auteur soumet au lecteur trois points de vue différents qui sont les clés de Auggie et moi. J’ai été attendrie par l’écriture de R.J Palacio. Le point de départ est Auggie et son handicap mais le jeune garçon hante les pages du roman sans vraiment être présent. Il est comme une ombre qui plane. Auggie est le moteur de l’histoire tout en étant le personnage secondaire. On sait qu’il est bon, sa présence a chamboulé la vie au sein du collège et notamment a permis à Julian, Christopher et Charlotte de changer leur vision du monde. La fin du roman m’a charmé parce que Auggie s’adresse à nous. Pour la première fois, on sait ce qu’il ressent et on imagine mieux le calvaire qu’il vit au quotidien. Il est courageux, touchant et fait preuve de beaucoup de maturité. Je suis contente d’avoir croisé la route d’Auggie et je suis sûre que si je l’avais rencontré, je l’aurai aimé. Je dédie ma chronique à tous les « Auggie » du monde et aux autres.  Je pense aussi à toi Clément, si bon, que la vie n’a pas épargné et qui se bat au quotidien contre l’intolérance. Chacun de nous peut en tirer une leçon et j’espère que ce livre aidera à changer les comportements et les idées pré-conçues.

Mon frère, mon enfer, mon bel enfer, de Sandrine Andrews et Christine Deroin

La vie en bleu

J’étais super contente quand j’ai su que j’allais avoir un petit frère. Tellement mignon quand je suis allée le voir à la maternité, trop cool ! Mais ma joie fut de courte durée, je ne m’attendais pas à un frère comme ça, ou, je dois dire pas comme les autres….

https://i0.wp.com/livrelibre.blog.lemonde.fr/files/2016/08/mon-frere.jpgGarance a 14 ans et sa vie d’adolescente est perturbée par son petit frère, Adam, autiste. Toute la famille vit au rythme des crises d’Adam. Tout le quotidien s’en trouve bouleversé, Adam demande une attention particulière qui épuise et qui isole ses proches. D’ailleurs la maman d’Adam a dû arrêter toute activité professionnelle pour s’occuper de lui.

Garance tient un journal, donc le lecteur est tout de suite imprégné de ce qu’elle ressent face à cette situation qui lui est insupportable. Par moment, elle en est presque à reprocher à son frère d’être différent car elle ne supporte plus de l’entendre crier, elle ne supporte plus l’enfer qu’il fait vivre à sa famille, elle ne supporte plus d’entendre ses parents hurler. Le premier chapitre du livre met l’accent d’ailleurs sur le mal être de Garance, sa colère, son ras-le-bol :

«  je n’en peux plus, je ne veux plus entendre ses cris, je ne peux plus le supporter »

« maman je t’aime et je ne peux pas t’aider, maman ne pleure plus, ne hurle plus s’il te plait ! »

Et puis il y a Hugo, un nouveau dans la classe de Garance, qui s’aperçoit très vite que Garance est souvent seule. Lui aussi tient un journal, sa situation familiale a été chamboulée par la séparation de ses parents. Ce personnage donnera un regard extérieur sur le problème de l’autisme. Bien souvent, ce qui n’est pas connu fait peur et des jugements trop hâtifs altèrent notre vision des choses. Par moment, Hugo est maladroit bien qu’il comprenne le calvaire que vit Garance :

« je ne supporte pas les handicapés mentaux, ça me gêne quand ils sont près de moi…ça me fout la trouille »

Très vite, il est attiré par Garance mais, au début, il ne veut pas que ça se sache car il sait que la situation familiale de l’adolescente provoque des moqueries en classe. Il ne veut donc pas être la risée du collège.

Il y aussi Damien qui habite près de chez Garance et qui qualifie sa famille de folle, Adam de débile ….

On se trouve en présence de trois personnages donc de trois points de vue différents. Au fur et à mesure de l’histoire, le lecteur va voir progresser Hugo de manière positive car, petit à petit, il va apprendre ce qu’est l’autisme, il n’hésitera pas à s’informer et donc son approche sera totalement différente. Il ira même jusqu’ à affronter Damien, le réfractaire.

Ce livre met en évidence les problèmes rencontrées par les familles ayant un enfant autiste, qui se trouvent isolées, montrées du doigt. C’est un calvaire au quotidien… Face à l’autisme il faut être patient, toujours dans la répétition, avoir une énergie hors du commun. C’est fatiguant, décourageant et souvent les familles sont à bout. Pourquoi se battre, pour arriver à quoi ? L’autisme ne se guérit pas …

L’enfant autiste n’a pas d’amis, personne ne l’invite…Le handicap creuse un fossé entre les hommes. Il est source de moqueries.

Dans cette courte histoire, on ressent bien le malaise de Garance qui n’ose même pas faire venir Hugo chez elle par gêne, à cause de son frère… Mais il est à signaler que le titre est évocateur. Le frère est l’être par qui le malheur arrive mais il est néanmoins aimé car il est qualifié de « bel enfer »…

La deuxième partie du livre est consacrée à l’interview d’un neuropsychologue qui nous apporte des éclaircissements sur ce qu’est l’autisme avec en prime le nom des associations d’aide à l’autisme.

Il faut savoir également que la couverture du livre est bleue car cette couleur est symbole de l’autisme dont la journée internationale est le 2 avril.

Je me suis retrouvée dans ce livre. En tant qu’auxiliaire de vie scolaire, j’ai suivi pendant 3 ans un élève autiste qui est maintenant adulte, avec qui je suis toujours en contact. Page après page, j’ai revécu les situations auxquelles j’étais souvent confrontée : le regard des autres, les réflexions, les moqueries, l’incompréhension, la détresse de la maman qui avait arrêté de travailler. J’ai passé trois années merveilleuses, enrichissantes, intenses. J’y ai consacré beaucoup de temps, d’énergie pour que cet adolescent se sente au mieux dans son établissement scolaire, pour qu’il puisse évoluer avec les meilleures conditions et surtout pour qu’il soit accepter par les autres. Nous formions un merveilleux binôme et j’ai gagné ce pari fou de l’intégration malgré les réticences de certains adultes qui ne comprenaient pas forcément ma démarche. Pourquoi se battre avec autant d’acharnement pour un enfant dont la vie ne pouvait qu’être un échec… Comment peut- on dire ça ? Moi, auxiliaire de vie scolaire je devais laisser tomber ? J’étais avec lui mais, bon, il fallait sagement attendre que ça se passe ! Et c’est comme ça que la société évolue ? En laissant de côté les personnes différentes ? Justement non, j’ai tellement reçu en retour, quelle satisfaction quand j’ai vu son premier sourire, quand il m’a parlé, quand il a communiqué !

Pour conclure je dirais que je conseille vivement ce livre qui n’est en rien austère et qui fait comprendre tout simplement ce qu’est l’autisme à travers le journal intime de deux adolescents.

Ce roman a reçu le prix HANDILIVRES 2016 pour la jeunesse.

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