Otis, de Yannick Beaupuis

Ulysse est un garçon très solitaire, incapable de communiquer avec les autres. Diagnostiqué autiste-asperger, il a du mal à être accepté à l’école, malgré la compréhension et la bienveillance de sa maîtresse. Pourtant, un événement va bouleverser son quotidien.

Otis, lui, évolue dans un monde fantastique, peuplé de créatures hybrides mi-hommes, mi-animaux et dirigé par l’intendant-général, le redouté Taurus, l’hybride buffle. L’enfant est ami avec Lou l’homme-loup, Ursul l’homme-ours et Mina, la femme-féline. Ils vivent dans un village-campement, pris en étau entre l’Arbre-source incandescent et la forêt d’ombres redoutables. Pour sauver leur monde, ils vont devoir affronter de terribles épreuves, dans un monde où l’on va croiser de nombreuses créatures de la mythologie grecque : Athéna, la Pythie, Thésée et sa toison d’or, le sphinx et son énigme, le Cyclope …

Deux histoires qui se mélangent sans presque jamais se rejoindre, qui semblent évoluer dans deux univers différents qui pourtant se complètent, se relient par des liens impalpables. Otis a une sonorité proche de autisme. Ulysse, le prénom du garçon est un rappel à la mythologie grecque qui accueille le monde d’Otis.

Un texte très exigeant dont le thème principal est le dépassement de soi par l’épreuve et l’acceptation de la différence. La majorité du texte évolue dans le monde d’Otis. Le monde d’Ulysse est beaucoup moins présent. Je l’ai un peu regretté car je me suis particulièrement attachée à ce garçon atypique féru de mythologie et à sa jeune amie Charlotte, capable de dépasser tous les préjugés avec naturel et bienveillance. Ce parti pris de l’auteur ne laisse pour moi aucun doute sur le fait que le monde d’Otis représente le monde intérieur d’Ulysse, bien plus présent et plus supportable pour lui au quotidien que son monde réel, douloureux, dans lequel il ne trouve pas sa place. Chaque action d’Ulysse dans la vraie vie est en lien avec une action d’Otis dans le monde imaginaire, une transposition de la réalité dans un monde parallèle. D’où la complexité du récit et de sa construction extrêmement travaillée, car cela n’est jamais dit de manière vraiment explicite. Dans un même chapitre, les deux histoires sont présentes, la séparation étant matérialisée par un signe typographique. Un texte qui mériterait une deuxième lecture pour en savourer tout le sel et toute la richesse.

Si par hasard l’auteur de ce roman lit un jour ma chronique, je serais ravie de le voir mettre un commentaire de son livre sur notre blog pour nous offrir son éclairage personnel.